Au début, les applications de l’échographie diagnostique étaient limitées en raison de la mauvaise résolution et du manque de capacité d’imagerie en temps réel.3 Au cours des années suivantes, les physiatres ont commencé à diriger la communauté médicale avec l’utilisation de techniques d’échographie thérapeutique.4 Dans les années 1980, avec l’utilisation de l’imagerie ultrasonographique en temps réel et de l’imagerie anatomique détaillée, l’échographie diagnostique musculo-squelettique est devenue capable d’évaluer complètement le système musculo-squelettique. Avec la réduction du coût des équipements et l’amélioration de la résolution, ce domaine s’est étendu à diverses pratiques cliniques qui diagnostiquent et traitent les troubles musculo-squelettiques. De nombreux praticiens ont maintenant intégré l’échographie diagnostique pour diagnostiquer la pathologie des tendons, des nerfs, des ligaments, des troubles articulaires et, par la suite, pour l’utiliser dans la réalisation de procédures thérapeutiques avec des techniques de guidage par ultrasons.

Concepts fondamentaux de l’échographie musculosquelettique

L’échographie musculosquelettique implique l’utilisation d’ondes sonores à haute fréquence (3-17 MHz) pour imager les tissus mous et les structures osseuses du corps dans le but de diagnostiquer une pathologie ou de guider des procédures interventionnelles en temps réel. L’utilisation du balayage à haute résolution permet d’obtenir des images anatomiques détaillées des tendons, des nerfs, des ligaments, des capsules articulaires, des muscles et d’autres structures du corps. Les praticiens peuvent désormais utiliser le guidage par ultrasons pour diagnostiquer les tendinoses, les déchirures tendineuses d’épaisseur partielle ou totale, les pincements nerveux, les claquages musculaires, les entorses ligamentaires et les épanchements articulaires – ainsi que pour guider les procédures interventionnelles en temps réel pour les modalités de traitement.

Quelques termes de base utilisés dans le lexique des ultrasons:5,6

L’échotexture désigne la grossièreté ou la non-homogénéité d’un objet.

L’échogénicité désigne la capacité des tissus à réfléchir les ondes ultrasonores vers le transducteur et à produire un écho. Plus l’échogénicité des tissus est élevée, plus ils apparaissent brillants sur l’imagerie ultrasonore.

Les structures hyperéchogènes sont perçues comme plus brillantes sur l’imagerie US conventionnelle par rapport aux structures environnantes en raison de la réflectivité plus élevée du faisceau US.

Les structures isoéchogènes d’intérêt sont vues comme étant aussi brillantes que les structures environnantes sur l’imagerie US conventionnelle en raison d’une réflectivité similaire au faisceau US.

Les structures hypoéchogènes sont vues comme étant plus sombres par rapport aux structures environnantes sur l’imagerie US conventionnelle en raison d’une réflexion moindre du faisceau US.

Les structures anéchoïques dépourvues de réflecteurs internes ne parviennent pas à réfléchir le faisceau US vers le transducteur et sont vues comme noires de manière homogène sur l’imagerie.

La structure longitudinale est imagée le long de l’axe long.

La structure transversale est imagée perpendiculairement au grand axe.

L’ombrage est l’absence relative d’échos en profondeur dans une structure échogène en raison de l’atténuation du faisceau ultrasonore (par ex, aux grandes calcifications, aux os, aux gaz, aux métaux).

Le rehaussement acoustique postérieur est l’apparence plus brillante des tissus en profondeur dans une zone où il y a peu de réflecteurs forts pour atténuer le faisceau sonore (par exemple, un fluide simple est anéchogène puisqu’il n’y a pas de réflecteurs internes pour produire des échos). Ainsi, le faisceau sonore qui traverse le fluide est plus fort que lorsqu’il se trouve à la même profondeur dans un tissu mou.

L’anisotropie est l’effet du faisceau qui n’est pas réfléchi vers le transducteur lorsque la sonde n’est pas perpendiculaire à la structure évaluée (par ex, un faisceau incliné sur un os créerait un artefact anéchogène puisque le faisceau est réfléchi à l’angle d’incidence en s’éloignant du transducteur).

Avantages de l’imagerie par ultrasons

L’échographie musculo-squelettique offre plusieurs avantages distincts par rapport à la radiographie de base (rayons X), à la tomodensitométrie (CT) et à l’imagerie par résonance magnétique (IRM) – en particulier dans les examens musculo-squelettiques et neurologiques ciblés1,7. L’échographie est un examen pratique, dynamique et interactif qui permet au praticien d’utiliser l’imagerie des tissus mous à haute résolution en temps réel. Elle facilite également l’examen dynamique des structures anatomiques tout en interagissant avec le patient pendant la réalisation de l’étude d’imagerie. L’imagerie US est peu affectée par les artefacts métalliques (par exemple, les implants cochléaires, le matériel ou les stimulateurs cardiaques) et peut également être utilisée chez certains patients contre-indiqués pour l’imagerie IRM (par exemple, les patients claustrophobes ou obèses). L’imagerie US facilite le guidage des procédures interventionnelles peu invasives (par exemple, les injections et les aspirations intra-articulaires). Elle permet également un examen rapide du membre controlatéral pour les études de comparaison. Les avantages évidents de l’échographie – tels que la portabilité, le coût relativement faible par rapport aux autres techniques d’imagerie, l’absence de risque d’irradiation et l’absence de contre-indications connues – sont de bonnes raisons d’envisager l’utilisation de cette modalité.

Inconvénients de l’échographie

Les praticiens doivent toutefois reconnaître plusieurs inconvénients notables de l’échographie musculo-squelettique.1,7 Ses limites les plus importantes résident dans son champ de vision limité et sa pénétration limitée entraînant ainsi potentiellement une évaluation incomplète de l’anatomie osseuse et articulaire. Pourtant, l’échographie fournit une image de très haute qualité d’une zone relativement petite, de sorte que les cliniciens devraient utiliser l’échographie pour confirmer ou caractériser les changements pathologiques dans une région corporelle définie. Du point de vue de l’équipement, l’étude de l’échographie musculo-squelettique est également limitée par la qualité variable et le coût variable de l’équipement d’échographie. Du point de vue de l’opérateur/examinateur, l’étude de l’échographie musculo-squelettique est limitée par le niveau de compétence de l’examinateur, le manque d’infrastructure éducative et, à ce jour, l’absence de processus de certification ou d’accréditation dans cette phase précoce de l’imagerie musculo-squelettique.

« L’échographie est un examen pratique, dynamique et interactif qui permet au praticien d’utiliser l’imagerie des tissus mous à haute résolution en temps réel. Elle facilite également l’examen dynamique des structures anatomiques tout en interagissant avec le patient pendant la réalisation de l’étude d’imagerie. »

Équipement d’échographie

La fréquence plus basse du transducteur à réseau curviligne de basse à moyenne fréquence (5-2 MHz) facilite l’examen des tissus plus profonds (par exemple, la hanche/la région fessière).1,5-7 Pour générer des formes d’onde ultrasonores, la machine génère un courant électrique vers les cristaux à l’intérieur du transducteur qui, à leur tour, vibrent. Les cristaux vibrants génèrent une onde sonore sinusoïdale, une forme d’énergie mécanique. La transformation de l’énergie électrique en énergie mécanique, appelée piézoélectricité, peut être exprimée en termes de fréquence, de longueur d’onde, d’amplitude et de vitesse de propagation. Grâce à l’utilisation d’un gel de couplage ultrasonore, les ondes sonores se propagent dans le corps jusqu’à ce qu’elles rencontrent une interface acoustique qui reflète l’onde. L’onde sonore réfléchie est détectée par le transducteur qui utilise un « effet piézoélectrique inverse » pour transformer l’onde d’énergie sonore mécanique en signaux électriques à traiter. En générant et en enregistrant alternativement les amplitudes et les temps de parcours des faisceaux sonores (également appelés « ultrasons pulsés »), l’appareil à ultrasons peut utiliser un logiciel informatique sophistiqué pour générer l’image bidimensionnelle en noir et blanc de la partie du corps. Une interface acoustique qui réfléchit une grande quantité d’énergie sonore apparaîtra plus claire sur l’écran que les interfaces moins réfléchissantes qui apparaissent plus sombres. Par exemple, une grande quantité d’énergie sonore est réfléchie à l’interface entre l’os et le muscle, ce qui fait que l’os apparaît brillant (ou blanc) sur l’écran du moniteur. Plus important encore, il est important de comprendre que toutes les images échographiques ne sont pas basées sur les propriétés matérielles absolues d’un tissu, mais plutôt sur les propriétés matérielles relatives de ce tissu par rapport aux régions adjacentes étudiées ou visualisées.

Applications diagnostiques en échographie musculo-squelettique

L’échographie génère une vue en 2 dimensions d’une structure en 3 dimensions. La capacité à manipuler habilement le transducteur à l’aide de mouvements spécifiques (glissement, inclinaison, rotation et talon-pointe) garantit l’investigation complète des structures ciblées. Le transducteur doit être déplacé sur toute l’étendue de la structure pour effectuer un balayage complet et éviter les erreurs d’omission. L’anisotropie est un piège majeur pour les praticiens inexpérimentés, notamment lorsqu’une structure normale et lisse apparaît « sombre » sur l’imagerie US car le faisceau n’a pas rencontré la structure perpendiculairement au plan de la structure.1,5-8 Un faisceau qui rencontre le tendon perpendiculairement à la surface sera réfléchi vers l’arrière et vers le transducteur, tandis qu’un faisceau qui rencontre la surface à n’importe quel angle sera réfléchi obliquement et loin du transducteur. Le tendon apparaît brillant (hyperéchogène) dans le premier cas, tandis que le tendon apparaît artificiellement sombre (hypoéchogène) dans le second cas. Pendant l’examen musculo-squelettique, l’examinateur doit éviter l’anisotropie en manipulant continuellement le transducteur pour diriger le faisceau généré perpendiculairement à la structure cible. Avec l’expérience, le médecin développera des compétences de balayage pour optimiser l’image et les manipulations du transducteur (glissement et rotation) deviendront automatiques et sans effort. Afin de faciliter le processus d’apprentissage, les fabricants d’échographes ont établi des préréglages pour diverses applications musculo-squelettiques.

Les compétences de balayage impliquent certaines étapes clés dans le processus d’une évaluation échographique musculo-squelettique adéquate.1,5-9 Tout d’abord, l’examinateur doit sélectionner le transducteur approprié pour la région étudiée et est en outre déterminé par la profondeur de la région cible (c’est-à-dire la relation inverse entre la fréquence et la profondeur de pénétration). Deuxièmement, le gel à ultrasons est placé sur le transducteur et appliqué sur la peau et les réglages du contrôle de la profondeur sur la console doivent être optimisés. Troisièmement, la position de la zone focale (c’est-à-dire le point le plus étroit du faisceau représentant la région de meilleure résolution latérale) est ajustée de manière à ce que la zone focale soit située à la même longueur et position que la structure cible. Quatrièmement, après avoir choisi le nombre et l’emplacement de la zone focale, le praticien doit ensuite ajuster le gain global pour obtenir une visualisation optimale de la région cible. Enfin, le praticien doit régler la compensation du gain en profondeur (c’est-à-dire la compensation du gain en temps) pour corriger l’atténuation normale des ondes sonores qui se produit lorsque les ondes se propagent dans les tissus corporels. L’atténuation se traduit par une réduction de l’énergie acoustique et augmente en fonction de la profondeur et de la fréquence. Ces compétences de balayage nécessitent un dévouement, une formation et de nombreuses heures de pratique pour être maîtrisées dans la clinique.

Bases de l’anatomie musculo-squelettique par échographie

L’anatomie musculo-squelettique normale de base doit être examinée en détail pour fournir une connaissance approfondie de l’anatomie musculo-squelettique normale et anormale sur l’examen échographique. Une introduction de base et fondamentale est passée en revue ici.10

Muscle squelettique

Sur les vues longitudinales, les septae musculaires apparaissent comme des structures lumineuses/échogènes, et sont vus comme de fines bandes linéaires lumineuses (c’est-à-dire « plume » ou « nervures sur une feuille »). Sur les vues transversales, les faisceaux musculaires apparaissent comme des échos mouchetés avec de courtes lignes curvilignes et lumineuses dispersées dans le fond plus sombre/hypoéchogène (c’est-à-dire « nuit étoilée »).

Fascia

Le fascia est une structure collagène qui entoure généralement les zones musculotendineuses des extrémités. Le fascia est englobé par le tissu sous-cutané. On voit souvent le fascia s’insérer sur l’os et se mêler au périoste. Le fascia normal apparaît comme une structure hyperéchogène fibreuse et lumineuse (voir figure 1).

Tissu sous-cutané

Le tissu sous-cutané est iso-échogène (luminosité égale) à celui du muscle squelettique. La différence entre le tissu sous-cutané et le muscle squelettique visualisé à l’échographie est que les septae ne sont pas disposés en lignes ou en couches. Une bande hyperéchogène épaisse et continue sépare généralement la graisse sous-cutanée du muscle.

Orde cortical

L’os cortical normal apparaît comme une ligne échogène bien définie, linéaire, lisse et continue avec une ombre acoustique postérieure (l’image au-delà de l’interface apparaît noire). L’hyperéchogénicité de l’os est causée par la réflectivité élevée de l’interface acoustique.

Périoste

Occasionnellement visualisé comme une fine ligne échogène parallèle à l’os cortical à l’échographie. Les blessures à l’os – en particulier au cortex, aux tissus mous périosés et au périoste – produiront une réaction périostée qui peut être visualisée.

Tendons

Un tendon normal à l’examen échographique est une bande linéaire brillante/échogène qui peut varier en épaisseur selon son emplacement. Les échos internes sont décrits comme ayant une échotexture fibrillaire sur les vues longitudinales. À l’échographie, les séries parallèles de fibres de collagène sont hyperéchogènes et séparées par du tissu conjonctif environnant plus sombre/hypoéchogène. Normalement, les fibres de collagène sont continues et intactes. Lorsqu’il existe des interruptions dans les fibres du tendon, elles sont visualisées comme des zones anéchogènes/noires à l’intérieur du tendon. En tant que structures solides, ils sont non compressibles et ne présentent normalement pas de flux sanguin.

Ligaments

À l’échographie, un ligament normal est une structure linéaire brillante et échogène. Cependant, pour les ligaments ayant une échotexture plus, compacte, fibrillaire, les brins/fibres individuels des ligaments sont plus étroitement alignés. Les ligaments sont composés d’un tissu conjonctif dense, semblable aux tendons, mais dont les quantités de collagène, d’élastine et de fibrocartilage sont beaucoup plus variables. Cela rend l’imagerie d’un ligament plus variable que celle d’un tendon. Les ligaments peuvent être facilement distingués des tendons en traçant le ligament jusqu’aux structures osseuses auxquelles il s’attache avec un aspect caractéristique en « bout de balai » dans les vues transversales.

Nerfs périphériques

Les transducteurs à haute fréquence permettent de visualiser les nerfs périphériques qui passent près de la surface de la peau. Les nerfs périphériques apparaissent comme des lignes parallèles hyperéchogènes avec des séparations hypoéchogènes entre elles. Sur les vues longitudinales, leur aspect est similaire à celui des tendons, mais moins brillant/échogène. Sur les vues transversales, les nerfs périphériques, les fibres individuelles et la matrice fibreuse présentent des échogénicités multiples et ponctuelles (points brillants) dans une gaine nerveuse ovoïde et bien définie. Les nerfs sont différenciés des tendons par leur échotexture, leur manque relatif d’anisotropie, leur emplacement et leur proximité avec les vaisseaux.

Bourses

Dans une articulation normale, la bourse est une fine ligne noire/anéchoïque dont l’épaisseur est inférieure à 2 mm. La bourse se remplit de liquide lorsqu’elle est irritée ou infectée. Selon l’étendue de l’épanchement, la bourse se distend et s’élargit, avec des débris inflammatoires exprimés par des échos de brillance interne (voir Figure 2).

Vaisseaux

Les veines et les artères apparaissent comme des structures tubulaires hypo- ou anéchogènes qui peuvent être comprimées et présenter un flux sanguin à l’examen Doppler. Les artères restent pulsatiles pendant la compression, alors que les veines ne le font pas. Habituellement, la localisation des vaisseaux peut faciliter la localisation des nerfs qui se trouvent à côté d’eux.

L’échographie diagnostique est instrumentale pour détecter les blessures dans les structures ci-dessus.1,11

Lésions du tendon

La tendinose se manifeste par un élargissement du tendon, une hypo-échogénicité et une augmentation de la distance interfibrillaire – principalement en raison d’un œdème intratendineux. Les déchirures d’épaisseur partielle se présentent comme des résultats supplémentaires de régions focales d’anéchogénicité accompagnées d’une perte du motif fibrillaire normal, mais la continuité du tendon est maintenue. Les déchirures partielles de haut grade sont représentées comme un amincissement du tendon dû à une perte de substance tendineuse. Les déchirures d’épaisseur totale sont représentées par des lacunes tendineuses survenant en conjonction avec des changements liés à la tendinose. La ténosynovite peut se présenter sous la forme d’un simple liquide anéchogène facilement déplaçable entourant le tendon ou d’un liquide complexe à échogénicité mixte. Le liquide complexe observé sur l’imagerie à l’intérieur de la gaine tendineuse doit être aspiré à des fins diagnostiques si une infection est suspectée.

Les blessures des ligaments

Les blessures de bas grade sont imagées comme des ligaments élargis, hypoéchogènes avec une échotexture normale, tandis que les déchirures partielles et complètes révèlent une perturbation fibreuse. L’épreuve de stress peut permettre de différencier les déchirures partielles des déchirures complètes et d’évaluer la stabilité de l’articulation comme dans le cas d’une pathologie tendineuse.

Lésions nerveuses

Similaires aux tendons et aux ligaments, les nerfs affectés révèlent un gonflement régional, une hypo-échogénicité diffuse et une perte du schéma fasciculaire. Un « signe d’encoche » est le reflet des sites de piégeage qui sont localisés par l’évaluation d’un gonflement proximal au site de piégeage et un rétrécissement focal à ce site.

Lésions musculaires

Les claquages musculaires de bas grade présentent des régions subtiles d’hypoéchogénicité accompagnées d’une réduction de l’échotexture pennée normale, ce qui donne à la zone affectée un aspect « délavé ». Les contusions et les blessures de haut grade révèlent une variabilité dans la rupture franche des fibres et le liquide hétérogène comme on le voit dans les hématomes.

Troubles osseux et articulaires

La périostite ou la fracture de stress se voit avec des irrégularités dans la surface lisse et superficielle de l’os. L’échographie est très sensible dans la détection des épanchements articulaires. Les épanchements articulaires sont anéchogènes, compressibles et dépourvus de flux Doppler. Un liquide d’apparence complexe et hétérogène peut indiquer une infection pour laquelle une aspiration est recommandée. La synovite se présente sous la forme d’un tissu non compressible et échogène à l’intérieur d’une articulation et d’une hyperémie au Doppler. Des érosions périarticulaires, des dépôts de cristaux et des tophi goutteux peuvent également être observés lors de l’évaluation de l’articulation. Les bourses séreuses hypertrophiées contiennent un liquide anéchogène simple mais, comme les épanchements articulaires, elles peuvent contenir un liquide complexe. Les ganglions périarticulaires et péritendineux peuvent être présents sous la forme de structures non compressibles multilobulées et anéchogènes dépourvues de flux sanguin.

Applications thérapeutiques des ultrasons musculo-squelettiques

L’utilisation de l’échographie en radiologie musculo-squelettique interventionnelle est bien établie et sert principalement à guider le placement des aiguilles pour les injections, les aspirations et les biopsies12. Le choix du transducteur ultrasonore est crucial, les transducteurs à réseau linéaire haute fréquence (7-12 MHz) étant les plus fréquemment utilisés. Pour les structures plus profondes, comme les hanches et les patients de grande taille, des sondes curvilignes de plus basse fréquence peuvent être nécessaires, bien qu’elles soient sujettes à des artefacts anisotropes. Quelle que soit la sonde choisie, un examen échographique complet (y compris un examen Doppler) de la zone proposée doit être effectué pour déterminer les structures critiques telles que les nerfs et les vaisseaux. Cela permet de déterminer la trajectoire de l’aiguille et d’éviter les zones d’infection potentielle.

La plupart des procédures d’US musculo-squelettique sont réalisées avec une « technique à main levée » qui permet une visualisation directe et dynamique de la pointe de l’aiguille. Après avoir planifié la voie d’accès la plus sûre pour l’aiguille, on peut tracer sur la peau une ligne parallèle au grand axe de la face de la sonde, puis stériliser et draper la peau et le transducteur du patient. L’aiguille est dirigée vers la cible prévue sous une observation vigilante avec le long axe de l’aiguille et en ligne avec le long axe de la face du transducteur.

Les stratégies pour discriminer la pointe de l’aiguille sous US impliquent de garder la face du transducteur aussi perpendiculaire à l’aiguille que possible par l’inclinaison talon-pointe et le balancement de la sonde. Ce faisant, l’artefact de réverbération postérieur à l’aiguille est visible et aide à mettre l’aiguille en évidence. D’autres approches comprennent le balayage du transducteur d’un côté à l’autre tout en faisant entrer et sortir l’aiguille ; l’injection d’une petite quantité d’anesthésique local pour localiser la pointe de l’aiguille ; et la rotation de la sonde à quatre-vingt-dix degrés pour examiner l’aiguille dans l’axe court et déterminer le trajet de l’aiguille.

Les injections interventionnelles intra-articulaires utilisant l’US peuvent être utilisées pour les aspirations articulaires (par ex, détection d’une arthropathie cristalline ou d’une arthrite septique ; voir la figure 3) ou des injections intra-articulaires thérapeutiques avec des corticostéroïdes ou une viscosupplémentation (par exemple, le traitement de l’arthrite articulaire ; voir la figure 4). Les injections diagnostiques avec utilisation d’anesthésiques à courte et longue durée d’action permettent de déterminer l’amélioration des symptômes du patient avec les agents à longue durée d’action. La plupart des articulations de la hanche et de l’épaule peuvent accepter jusqu’à 10 ml, mais les petites articulations des mains et des pieds peuvent n’accepter que 1 à 2 ml.

Routes d’accès potentielles guidées par ultrasons

Certaines des routes d’accès les plus potentielles aux articulations les plus couramment injectées sous guidage échographique sont présentées ici.12

Articulation de l’épaule

Le patient est mieux positionné en position assise ou en décubitus latéral. La main du patient est positionnée en appui sur l’épaule opposée, et les principaux repères du labrum postérieur de forme triangulaire, de la tête humérale et de la capsule articulaire sont identifiés. L’articulation gléno-humérale est plus facilement accessible par l’approche postérieure que par l’approche antérieure. L’aiguille est introduite latéralement dans le plan axial et avancée médialement, la cible de l’aiguille se situant entre la face postérieure de la tête humérale et le labrum postérieur.

Articulation du coude

Le patient est mieux positionné en position assise ou couchée, coude fléchi et bras en travers de la poitrine. La sonde est positionnée le long de la partie postérieure du coude et orientée sagittalement avec le tendon du triceps placé longitudinalement. L’aiguille est introduite vers le haut, passant à côté du tendon du triceps et à travers le coussinet adipeux postérieur pour entrer dans l’espace articulaire. Les points de repère clés sont la fosse olécranienne de l’humérus, le coussinet adipeux postérieur et l’olécrane.

Articulation de la hanche

Le patient est allongé en décubitus dorsal et on accède à l’articulation par voie antérieure. En cas d’épanchement articulaire ou de patients plus grands, l’approche la plus optimale est celle où la sonde est alignée le long de l’accès long du col fémoral. L’aiguille est introduite par l’approche inférieure, traversant la capsule articulaire pour reposer sur le fémur sous-capital. Chez les patients plus minces, un accès plus facile avec la sonde US orientée axialement est préférable. Avec la tête fémorale et le rebord acétabulaire en vue, l’aiguille est introduite à partir d’une approche antérolatérale.

Articulation du genou

Pour les articulations du genou distendues avec des épanchements, la bourse suprapatellaire, le meilleur accès est généralement avec le patient en position couchée sur le dos avec le genou légèrement fléchi. La sonde est maintenue parallèle au tendon du quadriceps et glissée médialement ou latéralement jusqu’à ce que les fibres du quadriceps disparaissent et que l’aiguille soit dirigée dans la bourse. Pour les articulations du genou sans épanchement, la facette fémoro-patellaire médiale est la meilleure cible avec la sonde dans le plan axial de la rotule et du condyle fémoral médial visibles. La sonde est tournée de quatre-vingt-dix degrés et orientée le long de la ligne articulaire, puis l’aiguille est introduite soit inférieurement soit supérieurement dans l’articulation.

Articulation de la cheville

Avec le patient allongé en position couchée, l’articulation tibiotalaire antérieure est examinée dans un plan sagittal. L’examinateur peut effectuer des manœuvres de plantarflexion ou de dorsiflexion pour identifier les mouvements du talus sur le tibia. Il faut éviter l’artère pédieuse dorsale et les tendons extenseurs. L’entrée de l’aiguille dans l’articulation se fait dans un plan sagittal en utilisant une approche inférieure.

Conclusions et résumé

L’intégration de l’échographie musculo-squelettique diagnostique et interventionnelle dans la pratique clinique est une alternative bienvenue aux procédures qui pourraient autrement être réalisées sous guidage fluoroscopique ou tomodensitométrique dans les domaines de la radiologie, de la physiatrie et de l’anesthésie. Lors de la réalisation d’examens échographiques diagnostiques musculo-squelettiques, le praticien doit suivre les étapes vitales suivantes pour maximiser les meilleurs résultats11,13:

  1. Définir une question spécifique cliniquement pertinente à laquelle l’examen échographique peut répondre.
  2. Positionner le médecin, le patient et la machine pour le meilleur accès.
  3. Maintenir le contrôle total de la sonde du transducteur en utilisant l’approche  » pratique « .
  4. Évaluer complètement la région concernée pour éviter toute erreur inutile en visualisant plusieurs images pour reconstruire une vue en 3 dimensions.
  5. Évaluer les structures ciblées dans les plans longitudinal (axe long) et transversal (axe court) pour augmenter la sensibilité diagnostique et réduire l’anisotropie artéfactuelle.

Lorsque l’on utilise le guidage échographique pour les procédures interventionnelles, plusieurs principes doivent être maintenus12,13.

  1. Déterminer la procédure ou l’objectif spécifique pour la valeur diagnostique ou thérapeutique.
  2. Revoir l’ensemble de l’anatomie régionale de manière adéquate, y compris l’utilisation de l’US Doppler.
  3. Utiliser des techniques stériles comme recommandé.
  4. Choisir l’approche à axe long (« in-plane »), de sorte que la pointe et la tige de l’aiguille soient alignées linéairement avec l’axe long du transducteur et permettent ainsi une visualisation ultrasonographique de l’aiguille sur sa cible.
  5. Maintenir la position de la pointe de l’aiguille tout au long de la procédure.
  6. Reconnaître les limites inhérentes du médecin, de la technique et de l’équipement tout en utilisant la « technique à main levée ».
  • 1. Smith J et Finnoff JT. Échographie musculo-squelettique diagnostique et interventionnelle : Part 1. Principes fondamentaux. PM&R. Jan 2009. Vol 1:64-75.
  • 2. Guide de pratique de l’AIUM pour la réalisation de l’examen échographique musculo-squelettique. 1er octobre 2007. Institut américain d’échographie en médecine. Laurel, MD.
  • 3. Valente C et Wagner S. History of the American Institute of Ultrasound in Medicine. J Ultrasound Med. 2005. 24:131-142.
  • 4. Kremkau F. Diagnostic Ultrasound : Principles and Instruments, 6th Ed. WB Saunders. Philadelphie, Pennsylvanie. 2002. p 428.
  • 5. Lew HL, Chen CP, Wang TG et Chew KT. Introduction à l’échographie diagnostique musculo-squelettique : Partie 1 : examen du membre supérieur. Am J Phys Med Rehabil. Avril 2007. 86(4):310-321.
  • 6. Chew KT, Stevens KJ, Wang TG, Fredericson M, et Lew HL. Introduction à l’échographie diagnostique musculo-squelettique : Part 2 : examination of the lower limb. Am J Phys Med Rehab. Mar 2008. 87(3):238-248.
  • 7. Khoury V, Cardinal E, et Bureau NJ. L’échographie musculo-squelettique : un outil dynamique pour les troubles habituels et inhabituels. Am J Roentgenol. Jan 2007. 188(1):W63-73.
  • 8. Filippucci E, Unlu A, Farina A, et Grassi W. Formation échographique en rhumatologie : une approche d’auto-apprentissage. Ann Rheum Dis. 2003. 62:565-567.
  • 9. Institut américain d’échographie en médecine. Bulletin technique de l’AIUM. Manipulation du transducteur. J Ultrasound Med. 1999. 18:169-175.
  • 10. Moore RE. Échographie musculo-squelettique pour les extrémités : Technique et protocoles systématiques. Guide pratique de l’échographie des extrémités, 3e éd. 2007. MSKMasters. Pp 3-7.
  • 11. Smith J et Finnoff JT. Échographie musculo-squelettique diagnostique et interventionnelle : Part 2. Applications cliniques. PM&R. Fév 2009. Vol 1:162-177.
  • 12. Louis LJ. Intervention musculo-squelettique par ultrasons : Principles and Advances. Radiol Clin N Am. 2008. 46:515-533.
  • 13. Diagnostic musculo-squelettique US pour les physiatres : Nouvelles perspectives à partir de différents points de vue. 69e AAPM&R

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.