Au moment de Noël, il est courant de voir une exposition de la crèche : une petite mangeoire avec l’enfant Jésus et sa famille, des bergers, les trois rois mages censés avoir rendu visite à Jésus après sa naissance et plusieurs animaux de basse-cour.
On peut se demander quelles sont les origines de cette tradition ?
Description biblique
Les plus anciennes descriptions bibliques, l’Évangile de Matthieu et l’Évangile de Luc, écrits entre 80 et 100 après Jésus-Christ, offrent des détails sur la naissance de Jésus, y compris qu’il est né à Bethléem sous le règne du roi Hérode.
L’Évangile de Luc dit que lorsque les bergers sont allés à Bethléem, ils ont « trouvé Marie et Joseph, et le bébé, qui était couché dans la mangeoire. » Matthieu raconte l’histoire des trois sages, ou mages, qui se sont « prosternés » en signe d’adoration et ont offert des cadeaux d’or, d’encens et de myrrhe.
Mais comme le montrent mes recherches sur la relation entre le Nouveau Testament et le développement des traditions chrétiennes populaires, les premières descriptions bibliques ne mentionnent la présence d’aucun animal. Les animaux commencent à apparaître dans les textes religieux vers le septième siècle.
Une série d’histoires chrétiennes primitives qui ont informé la dévotion religieuse populaire, y compris ce qui est connu comme l’Évangile de l’enfance de Matthieu, a tenté de combler le vide entre l’enfance du Christ et le début de son ministère public. Ce texte est le premier à mentionner la présence d’animaux à la naissance de Jésus. Il décrit comment la « très sainte Marie sortit de la grotte et entra dans une étable, plaça l’enfant dans la stalle, et le bœuf et l’âne l’adorèrent. »
Cette description, citée ensuite dans plusieurs textes chrétiens médiévaux, a créé l’histoire de Noël populaire aujourd’hui.
Début des crèches
Mais la crèche aujourd’hui recréée sur les places des villes et dans les églises du monde entier a été conçue à l’origine par saint François d’Assise.
Une grande partie de ce que les spécialistes savent de François provient de la « Vie de saint François », écrite par le théologien et philosophe du 13e siècle, saint Bonaventure.
François est né dans une famille de marchands dans la ville ombrienne d’Assise, dans l’Italie actuelle, vers 1181. Mais François a rejeté la richesse de sa famille très tôt dans sa vie et a jeté ses vêtements sur la place publique.
En 1209, il a fondé l’ordre mendiant des Franciscains, un groupe religieux qui se consacre aux œuvres de charité. Aujourd’hui, les Franciscains exercent leur ministère en répondant aux besoins matériels et spirituels des pauvres et des personnes socialement marginalisées.
Selon Bonaventure, François a demandé en 1223 la permission au pape Honorious III de faire quelque chose « pour l’allumage de la dévotion » à la naissance du Christ. Dans le cadre de ses préparatifs, François « a préparé une crèche, et mis du foin, ainsi qu’un bœuf et un âne », dans la petite ville italienne de Greccio.
Un témoin, parmi la foule qui s’était rassemblée pour cet événement, a rapporté que François incluait une poupée sculptée qui pleurait des larmes de joie et « semblait s’éveiller du sommeil lorsque le bienheureux Père François l’embrassait dans ses deux bras. »
Ce miracle de la poupée qui pleurait a ému tous ceux qui étaient présents, écrit Bonaventure. Mais François a fait en sorte qu’un autre miracle se produise également : Le foin dans lequel reposait l’enfant guérissait les animaux malades et protégeait les gens des maladies.
L’imagerie de la nativité dans l’art
Le récit de la Nativité a continué à se développer dans la culture dévotionnelle chrétienne bien après la mort de François. En 1291, le pape Nicolas IV, le premier pape franciscain, a ordonné qu’une crèche permanente soit érigée à Santa Maria Maggiore, la plus grande église dédiée à la Vierge Marie à Rome.
L’imagerie de la Nativité a dominé l’art de la Renaissance.
Cette première crèche vivante – qui a été représentée de façon célèbre par le peintre italien de la Renaissance Giotto di Bondone dans la chapelle de l’Arena de Padoue, en Italie – a inauguré une nouvelle tradition de mise en scène de la naissance du Christ.
Dans le tondo, une peinture circulaire de l’Adoration des Mages réalisée par les peintres du XVe siècle Fra Angelico et Filippo Lippi, il n’y a pas seulement des moutons, un âne, une vache et un bœuf, il y a même un paon coloré qui jette un coup d’œil par-dessus la crèche pour apercevoir Jésus.
Virage politique des crèches
Après la naissance de Jésus, le roi Hérode, se sentant menacé dans son pouvoir par Jésus, ordonne l’exécution de tous les garçons de moins de deux ans. Jésus, Marie et Joseph ont été contraints de fuir en Égypte.
En reconnaissance du fait que Jésus, Marie et Joseph étaient eux-mêmes des réfugiés, ces dernières années, certaines églises ont utilisé leurs crèches comme une forme d’activisme politique pour commenter le besoin de justice pour les immigrants. Plus précisément, ces « nativités de protestation » ont critiqué le décret de 2018 du président Donald Trump sur la séparation des familles à la frontière américano-mexicaine.
Par exemple, en 2018, une église de Dedham, dans le Massachusetts, a placé l’enfant Jésus, représentant les enfants immigrés, dans une cage. Cette année, à l’église méthodiste unie de Claremont en Californie, Marie, Joseph et l’enfant Jésus ont tous été placés dans des cages séparées en fil de fer barbelé dans leur crèche extérieure.
Ces représentations, qui attirent l’attention sur le sort des immigrants et des demandeurs d’asile, font entrer la tradition chrétienne dans le 21e siècle.