Au cours des dernières décennies, les facteurs biologiques et environnementaux liés à la psychose ont été étudiés chez les individus à ultra-risque de psychose (UHR) afin de prédire la conversion. Bien que la religion soit liée à la psychose de diverses manières, elle est peu étudiée dans les échantillons subcliniques. Par conséquent, nous avons évalué l’interaction entre la religion et les symptômes prodromiques chez 79 personnes à ultra-risque de psychose et 110 personnes témoins. Ils ont été interrogés à l’aide de l’indice de religion de l’université de Duke et de l’entretien structuré pour les syndromes prodromiques (SIPS). L’activité religieuse organisationnelle, une mesure de la fréquence à laquelle une personne fréquente les églises/temples, était positivement liée aux anomalies de perception/hallucinations (rho de Spearman = 0,262, p = 0,02). Cette relation a été reproduite dans un modèle d’analyse de chemin (β = 0,342, SE = 0,108, p = 0,002), ainsi qu’un lien entre l’activité religieuse organisationnelle et une plus faible richesse idéationnelle (β = 0,401, SE = 0,105, p = 0,000), sans influence du sexe, de l’âge, de la confession religieuse ou de la classe socio-économique. L’activité religieuse intrinsèque était négativement corrélée à la suspicion (SIPS P2) (β = -0,028, SE = 0,009, p = 0,002), et l’activité religieuse non organisationnelle était corrélée à une plus grande richesse idéationnelle (N5) (β = -0,220, SE = 0,097, p = 0,023). Nous émettons l’hypothèse que les sujets atteints de psychose subclinique peuvent éventuellement utiliser les églises et autres organisations religieuses pour faire face aux hallucinations. En effet, le Brésil est caractérisé par un syncrétisme religieux et une forte influence du spiritisme dans la culture populaire. L’idée médiumnique selon laquelle certains seraient capables d’entendre et/ou de voir les esprits est probablement employée pour expliquer les hallucinations subcliniques dans le savoir profane. Nos résultats soulignent l’importance d’évaluer la religion et d’autres aspects spécifiques aux régions des diverses cultures lors de l’étude des personnes atteintes de troubles de l’humeur. Ce type d’évaluation permettrait de mieux comprendre les différences dans les taux de conversion et aiderait à transposer les programmes de prévention des pays à revenu élevé à d’autres contextes.

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