par Noelle La Croix, DVM, Dip. ACVO

Le test lacrymal de Schirmer

L’examen de l’œil d’un animal doit comprendre une histoire approfondie, la visualisation des structures oculaires antérieures et postérieures (par ophtalmoscopie), une tonométrie, une coloration à la fluorescéine et le test lacrymal de Schirmer. Cet article examinera l’objectif et la pertinence du test lacrymal de Schirmer.

Des tests simples pour estimer le larmoiement (production de larmes) chez les humains ont été décrits pour la première fois par l’ophtalmologiste allemand Otto Schirmer en 1903, et une modification vétérinaire a été décrite pour la première fois en 1962. Le premier test lacrymal décrit par Schirmer (connu sous le nom de STT I) peut être utilisé pour mesurer la production de larmes basale et réflexe dans un œil canin, félin ou équin non anesthésié. La production de larmes basales est définie comme la quantité de larmes produites qui lubrifient normalement la surface de la cornée. La production de larmes réflexe décrit la quantité de larmes produites en réponse à un irritant (y compris une bandelette lacrymale de Schirmer insérée).

La bandelette lacrymale éponyme de Schirmer est actuellement fournie sous la forme d’une bande de papier filtre Whatman n°41 de 5 mm x 35 mm imprégnée d’un colorant bleu et marquée de gradations de 1 mm. Une bandelette placée dans un manchon en plastique est d’abord pliée au niveau d’une encoche située 5 mm en dessous d’une pointe arrondie. Cette étape est effectuée à l’intérieur de l’emballage pour éviter la contamination de la bandelette par l’huile des mains de l’examinateur. Une fois libérée de son emballage, la pointe arrondie de la bandelette pliée est ensuite placée dans le fornix conjonctival inférieur (en contact avec la cornée) près de la jonction du tiers moyen et du tiers temporal de la paupière (Figure 1). Les bandelettes restent en place pendant exactement 1 minute. La production de larmes est visualisée par la migration du colorant le long de la bande (distance en mm) et enregistrée en mm/min.

Le test lacrymal de Schirmer est généralement réalisé avec un minimum de contrainte, et sans application préalable de médicaments ou de colorants oculaires. La sédation et/ou l’anesthésie topique peuvent diminuer les valeurs de production de larmes et doivent donc être évitées, si possible, avant le test. Les bandes de test doivent être lues immédiatement après avoir été retirées de l’œil, car le liquide peut continuer à migrer avec le temps, augmentant faussement les mesures. À l’inverse, les bandelettes peuvent sécher après avoir été retirées, ce qui entraîne une sous-estimation de la production de larmes. Les tests lacrymaux de Schirmer pour chaque œil peuvent être effectués simultanément, ou séquentiellement, sans affecter leur précision.

Le taux normal de larmoiement canin établi par le test lacrymal de Schirmer se situe dans une fourchette de 18,64 +/- 4,47 mm/min à 23,90 +/- 5,73 mm/min. Il a été récemment déterminé que ces valeurs adultes ne sont pas atteintes avant l’âge de 9-10 semaines. D’autres recherches indiquent que la production de larmes peut varier selon un rythme circadien. La production de larmes est maximale en période d’obscurité et minimale en période de lumière. Cependant, la différence maximale de 2,3 mm/min n’a très probablement pas de signification clinique.

Une production de larmes « normale » n’est pertinente que par rapport aux autres signes cliniques que peut manifester un animal. Une production lacrymale canine mesurée comme étant inférieure à 10 mm/min est associée à une kératoconjonctivite (KCS), mais uniquement dans le contexte d’autres signes de déficience lacrymale quantitative (tels qu’une hyperémie conjonctivale, un écoulement mucopurulent, une vascularisation cornéenne, une fibrose cornéenne, une pigmentation cornéenne et/ou un blépharospasme). À l’inverse, un taux de production de larmes de 15 mm/min ne peut être considéré comme normal sur la base de ce seul critère. La larme de Schirmer ne décrit que la production quantitative de larmes. Des tests supplémentaires (temps de rupture du film lacrymal et densité des cellules gobelets conjonctives) peuvent révéler des différences qualitatives dans les larmes produites.

Il est important de noter que de nombreux médicaments pharmacologiques et certains médicaments oculaires peuvent affecter la production de larmes. Par exemple, l’atropine diminue l’activité parasympathique de tous les muscles et glandes. L’atropine peut donc diminuer considérablement la production de larmes, puisque celle-ci dépend de l’activité parasympathique. Cet effet de l’atropine doit être pris en compte chaque fois que l’on traite un patient souffrant de sécheresse oculaire.

Le test lacrymogène de Schirmer peut également être utilisé pour diagnostiquer d’autres problèmes ophtalmiques que le larmoiement anormal, car il mesure la production réflexe de larmes. Par exemple, une production de larmes canines qui dépasse 30 mm/min peut être un signe d’irritation oculaire causée par des cils ectopiques, une ulcération cornéenne ou la présence d’un corps étranger.

Le test lacrymal de Schirmer est un outil simple mais hautement diagnostique de l’examen oculaire de routine. Si vous avez d’autres questions concernant le test lacrymal de Schirmer, n’hésitez pas à consulter un ophtalmologiste vétérinaire.

Noelle La Croix, DVM, Dip. ACVO
Veterinary Medical Center of Long Island
75 Sunrise Highway
West Islip, New York 11795
(631) 587-0800 ; fax (631) 587-2006

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