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« Nous savons peut-être à quoi ressemble une relation saine, mais la plupart des gens n’ont aucune idée de la façon d’en obtenir une – et personne ne nous apprend comment le faire. » C’est ce que Joanne Davila, professeur de psychologie et directrice de la formation clinique à l’université de Stony Brook, dans l’État de New York, soutient dans une conférence TEDxSBU.
L’instruction sur les relations saines existe sous la forme d’une thérapie de couple ou d’un conseil prénuptial, ce qui signifie soit lorsqu’un mariage est en train de sombrer, soit avant même qu’il ne commence. Dans les deux cas, c’est trop tard, dit Davila. Attendez une seconde – comment le conseil prénuptial peut-il être trop tardif ? « Parce que les gens ont déjà choisi la personne avec laquelle ils veulent engager leur vie », explique-t-elle. « Et s’ils ont mal choisi ? Aucune éducation prénuptiale ne peut compenser un mauvais choix de partenaire. »
Pour tenter de combler cette lacune, Davila et ses collègues étudient ce qu’ils appellent la « compétence romantique ». La compétence romantique est, comme elle le dit, « la capacité de fonctionner de manière adaptative dans tous les domaines ou tous les aspects du processus relationnel … comprendre ce dont vous avez besoin, trouver la bonne personne, construire une relation saine, sortir des relations qui sont malsaines. »
Selon Davila et ses collègues, il y a trois compétences fondamentales derrière la compétence romantique : la perspicacité, la mutualité et la régulation des émotions. « Laissez-moi vous dire que nous ne les avons pas inventées de toutes pièces », explique-t-elle. « Nous avons identifié ces compétences en nous fondant sur un examen approfondi de la théorie et de la recherche. Ces compétences représentent réellement les points communs entre les principales théories et les résultats des recherches sur les relations saines. Parce qu’elles représentent les points communs, nous pensons qu’elles peuvent vraiment aider les gens avec toutes les différentes parties du processus relationnel, et avec toutes les différentes personnes – qu’elles soient dans une relation ou non. »
La première compétence est la perspicacité. « L’insight est une question de conscience, de compréhension et d’apprentissage », dit Davila. « Avec la perspicacité, vous aurez une meilleure idée de qui vous êtes, de ce dont vous avez besoin, de ce que vous voulez et de pourquoi vous faites les choses que vous faites. » Par exemple, disons que vous êtes très irritable avec votre partenaire. Si vous possédez de la perspicacité, dit-elle, « vous pourriez remarquer ou réaliser que ce n’est pas parce que votre partenaire fait quelque chose ; c’est en fait que vous êtes vraiment stressé au travail, et ce dont vous avez vraiment besoin, c’est de vous détendre un peu pour que cela ne se répercute pas sur votre relation ».
« Avec de la perspicacité, vous serez capable d’anticiper les conséquences positives et négatives de votre comportement », dit Davila. Avoir de la perspicacité signifie réaliser que lorsque vous dites « merci » après que votre partenaire vous a tendu un café avec une ½ cuillère à café de sucre et une gorgée de lait d’avoine – juste comme vous l’aimez – vous vous sentirez tous les deux appréciés. À l’inverse, cela signifie aussi savoir que lorsque vous oubliez de dire « merci » ou que vous tardez à répondre à l’un de ses textos sans raison valable, il se sentira probablement agacé ou blessé.
« La perspicacité vous permettra aussi de mieux connaître votre partenaire », dit Davila. « Disons que votre partenaire arrive en retard à un rendez-vous. Avec la perspicacité, vous saurez pourquoi. Par exemple, votre partenaire est peut-être en retard pour tout. Cela n’a rien à voir avec vous ou votre relation. C’est simplement ce que votre partenaire est. »
La deuxième compétence est la mutualité. « La mutualité consiste à savoir que les deux personnes ont des besoins et que les deux ensembles de besoins sont importants », dit Davila. « Avec la mutualité, vous serez en mesure de transmettre vos propres besoins de manière claire et directe ; cela augmente la probabilité que vous les obteniez. »
Davila donne un exemple pour illustrer comment vous pourriez communiquer vos souhaits. « Disons que vous devez vous rendre à un événement familial très stressant, et que vous aimeriez que votre partenaire soit là avec vous. Vous pourriez lui dire directement : ‘Tu sais, cela va être stressant pour moi. J’aimerais vraiment que tu sois là ; tu ferais un très bon tampon pour moi. Est-ce qu’il y a moyen de libérer ton horaire pour que tu viennes avec moi ? »
Bien sûr, la mutualité consiste à s’assurer que les besoins de votre partenaire sont également pris en compte. « Disons que vous savez que votre partenaire aime vraiment aller à la salle de sport dès le matin – cela lui permet de se sentir mieux le reste de la journée », explique Davila. « La mutualité vous permettra de soutenir votre partenaire dans cette démarche même si vous préféreriez vraiment qu’il reste à la maison et au lit avec vous. »
« La mutualité vous permet également de prendre en compte les besoins des deux personnes dans les décisions que vous prenez concernant votre relation », ajoute Davila. « Disons que vous recevez une excellente offre d’emploi que vous aimeriez accepter, mais vous savez que cela signifie que vous devrez travailler davantage, et vous savez combien il est important pour vous et votre partenaire de passer du temps ensemble. Dans le cadre d’une approche mutuelle, vous pourriez dire : « Tu sais, j’aimerais vraiment accepter cet emploi, c’est vraiment important pour moi, mais je me préoccupe aussi du temps que nous devons passer ensemble. Si je promets de protéger un peu de temps pour nous, seras-tu d’accord pour que j’accepte ce travail ? » »
La troisième – et dernière – compétence est la régulation des émotions. « La régulation des émotions consiste à réguler vos sentiments en réponse aux choses qui se produisent dans votre relation », explique Davila. « Avec la régulation des émotions, vous serez en mesure de garder vos émotions calmes et de relativiser les choses qui se produisent dans votre relation. »
La régulation des émotions signifie développer la capacité de gérer ces moments où vous pourriez vous inquiéter ou craquer. Davila donne l’exemple de l’attente d’un texto en retour de votre partenaire : « Ce texto n’arrive pas. Vous devenez très anxieux. Vous vérifiez votre téléphone toutes les deux secondes. Grâce à la régulation des émotions, vous serez capable de vous dire : ‘Tu sais quoi ? Calme-toi, le message va arriver. Je n’ai pas besoin de vérifier mon téléphone toutes les secondes. Je vais juste le ranger et me concentrer sur la tâche à accomplir' »
La régulation des émotions est une compétence importante à avoir dans toutes vos relations – romantiques et platoniques – car elle vous permet de tolérer des sentiments inconfortables tout en maintenant le respect de soi et l’engagement envers vos propres besoins.
Ces trois compétences sont nécessaires pour de bonnes relations. Davila partage l’exemple d’une femme dont le partenaire lui a demandé ce qu’elle voulait pour son anniversaire. Elle lui a dit qu’elle ne voulait rien, alors c’est ce qu’il lui a donné – rien.
Davila continue : « Elle s’est vraiment mise en colère, et ils ont eu une grosse dispute. Pourquoi ? Parce qu’elle voulait vraiment un cadeau, elle ne voulait juste pas lui dire – elle voulait juste qu’il le sache d’une manière ou d’une autre. C’est ce qu’on appelle lire dans les pensées, c’est une idée terrible, et ça ne marche jamais. Si elle avait utilisé les compétences – la perspicacité lui aurait permis de se connaître suffisamment bien pour se rendre compte qu’elle voulait vraiment quelque chose, et que si elle ne l’obtenait pas, elle allait être furieuse. »
« La perspicacité lui aurait également permis de savoir que son partenaire était le genre de gars qui allait juste prendre ce qu’elle disait littéralement. La mutualité lui aurait permis de demander vraiment ce qu’elle voulait, directement et clairement. Et la régulation des émotions lui aurait permis de gérer les sentiments qu’elle ressentait et qui l’empêchaient de le faire. Peut-être se sentait-elle anxieuse : « Que penserait-il si je demandais ce dont j’ai besoin ? ». Ou peut-être qu’elle se sentait coupable. Elle sait qu’ils économisent pour un grand voyage, et elle pensait qu’il allait penser qu’elle était avide. Si elle avait utilisé ses compétences, elle aurait pu dire : « Tu sais quoi ? Je sais qu’on économise pour ce voyage, mais j’aime vraiment ce collier qu’on a vu l’autre jour, et il n’était pas si cher que ça ». Il l’aurait acheté pour elle. Elle se serait sentie respectée et valorisée. Il aurait été heureux. Ils se seraient sentis plus intimes. Toute cette histoire de cadeau d’anniversaire se serait bien passée, au lieu de se terminer par une dispute. »
La compétence romantique peut sembler être un travail – mais elle présente de nombreux avantages. Selon Davila, une étude portant sur des filles de 13 et 14 ans a montré que celles qui étaient plus compétentes sur le plan romantique se sentaient plus à l’aise dans leurs relations, s’inquiétaient moins du rejet et avaient une meilleure santé mentale. Dans une étude portant sur des jeunes de 18 à 25 ans, elle affirme que « les hommes et les femmes les plus compétents sur le plan sentimental se sentaient plus en sécurité dans leurs relations. Ils ont également déclaré prendre de meilleures décisions… Ils étaient également plus aptes à rechercher et à fournir un soutien à leur partenaire, et donc plus disposés à demander ce dont ils ont besoin et à utiliser ce que leur partenaire leur donne. Et ils étaient plus aptes à fournir un soutien utile en cas de besoin. »
Il n’est jamais trop tard pour apprendre les compétences qui constituent la compétence romantique. Et plus tôt nous pouvons commencer à enseigner ces trois compétences – la perspicacité, la régulation des émotions et la mutualité – aux jeunes que nous connaissons, plus ils seront équipés pour avoir des relations plus saines et plus heureuses.
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