L’équipe VERVE

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Sep 10, 2018 – 5 min lu

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C’est une lutte séculairevieille lutte. Vous trouvez la paire de jeans, le pantalon, la robe ou la veste idéale. La coupe est parfaite, la couleur est de rêve et votre visage s’illumine lorsque vous remarquez le détail de tous les détails : il a des poches ! Non seulement cela, mais les poches semblent être gigantesques, comme si vous alliez pouvoir y glisser plus que votre petit doigt.

Mais cette sensation d’exaltation ne dure pas. Vous vous rapprochez, vous inspectez le vêtement en détail et voilà, les poches sont fausses. Elles font juste partie du design, un petit détail pour la beauté esthétique mais zéro utilité pratique. Vous maudissez le monde pour la quantité infime de vêtements féminins qui ont des poches de taille normale et qui fonctionnent parfaitement. Et de cette déception découle la question suivante : pourquoi les vêtements féminins n’ont-ils presque jamais de poches pratiques ?

Eh bien, vous ne l’auriez pas deviné, mais l’histoire de la poche féminine est étonnamment politique et en est venue à signifier la liberté et l’indépendance pour lesquelles les femmes se sont battues tout au long de l’histoire.

Remontons un peu l’histoire féministe des poches…

Retour au Moyen Âge. Les hommes et les femmes se trimballaient de petites poches suspendues à une corde, ce qui leur permettait de transporter tout ce qui leur était indispensable. Les vêtements avaient de petites fentes qui permettaient d’accéder facilement à la poche sans avoir à jeter des mètres de tissu. En un sens, à cette époque, les hommes et les femmes étaient égaux – en termes de droit aux poches !

Puis vint la grande idée du 17ème siècle de coudre ces poches directement dans vos vêtements, permettant au porteur de dissimuler les objets qu’il portait et de les garder près du corps. La poche était née. Cependant, contrairement aux poches des hommes qui étaient facilement accessibles et cousues directement dans la doublure de leurs manteaux, gilets et culottes, les femmes devaient encore compter sur des poches séparées qui se trouvaient sous leurs jupons. Pour situer le contexte, selon le Victoria & Albert Museum, la femme moyenne du 17e siècle portait un jupon et deux couches de sous-vêtements. Sa pochette était nouée autour de sa taille, entre son sous-petticoat et son jupon. Les femmes devaient essentiellement se déshabiller pour accéder au contenu de leurs poches. Ainsi, même si elles pouvaient transporter leurs objets personnels avec elles, elles ne pouvaient pas les sortir en public. C’est ainsi qu’est née l’inégalité des poches entre hommes et femmes.

Au fur et à mesure que la mode féminine évoluait dans les années 1790, la poche commençait lentement à disparaître, car des robes plus moulantes étaient à la mode. Les femmes ont dû revenir à l’idée de montrer leurs « poches » au monde entier, en optant pour de petits sacs décoratifs, appelés réticules, qui pouvaient à peine contenir un mouchoir et une pièce de monnaie. Il s’agissait essentiellement d’incarner le fait que les femmes n’avaient pratiquement aucun accès à l’argent ou à la propriété et qu’elles n’avaient donc pas besoin d’une poche fonctionnelle. Il existe même des rumeurs selon lesquelles, pendant la Révolution française, les poches extérieures et intérieures ont été bannies des vêtements féminins afin d’éviter qu’elles ne dissimulent du matériel révolutionnaire. Les poches des femmes ont essentiellement disparu parce que leurs maris portaient tout l’argent et les objets nécessaires. Après tout, les femmes étaient censées rester assises à la maison, à boire du thé, à préparer les repas de leurs maris et à tricoter des petits pulls pour leurs hordes d’enfants.

LA RÉVOLUTION DE POCHE DU 20ÈME SIÈCLE

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Le tournant du 20ème siècle, Cependant, les femmes se sont rebellées. Les manuels d’instruction sur la façon de coudre des poches dans vos jupes sont devenus de plus en plus populaires, les femmes recherchant de plus en plus l’indépendance. Dans les années 1800, la Rational Dress Society a mené des campagnes pour que les vêtements des femmes soient plus fonctionnels. En 1910, le « costume des suffragettes », avec pas moins de six poches, fait fureur. Lorsque les guerres mondiales ont éclaté, les femmes se sont tournées vers des vêtements plus pratiques, les pantalons et les grandes poches devenant la norme. Les femmes ont finalement été bénies avec les poches pour lesquelles elles avaient fait campagne des années auparavant.

LE PATRIARCHE FRAPPE A NOUVEAU

On pourrait croire que c’est la fin de la saga des poches. Cependant, le patriarcat a frappé à nouveau, et voilà que les femmes de l’après-guerre devaient faire preuve de féminité et se débarrasser des styles masculins bouffants qu’elles avaient portés pendant l’absence des hommes. Les vêtements féminins sont devenus de plus en plus fins, reléguant le sac à main au rang d’objet masculin. Avec l’essor de l’industrie du sac à main, les poches ne sont plus considérées comme une nécessité pour les femmes. Depuis l’époque des jeans moulants jusqu’à l’évolution des vestes cintrées, les poches continuent d’être un objet litigieux pour les femmes. Sans parler du fait que les téléphones portables semblent devenir de plus en plus grands, alors que les poches continuent de rétrécir. Tout ce que nous demandons, c’est l’égalité. Pourquoi les hommes ont-ils le droit de fourrer leurs téléphones, leurs portefeuilles, des boîtes à pizza entières, des éléphants et des maisons dans leurs poches alors que nous continuons à lutter pour y faire entrer ne serait-ce qu’une mince carte de débit ?

Bien que les poches puissent sembler être un sujet trivial, elles sont un objet qui incarne nos systèmes patriarcaux et nos histoires sexistes. L’égalité des poches est-elle vraiment trop demander ?

Article de Chanju Mwanza

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