Objectif Aucun médicament n’est globalement efficace dans le traitement à long terme du syndrome de fibromyalgie (SFM). La spironolactone est connue pour améliorer l’humeur et les céphalées de tension ou les migraines chez les femmes présentant un syndrome prémenstruel ou des signes cliniques d’hyperandrogénie. Dans une série de cas de femmes souffrant de SFM résistant au traitement, la spironolactone a donc été ajoutée à leur médication, et elles ont été observées pendant au moins 12 mois. Méthodes 31 femmes souffrant de SFM résistant au traitement ont reçu de la spironolactone en complément de divers médicaments modulant la douleur. 15 femmes ont répondu à la spironolactone et les données de départ ont été comparées aux évaluations effectuées pendant 12 à 14 mois sous traitement à la spironolactone (ALDACTONE®) à une dose comprise entre 100 et 200 mg/jour. L’efficacité a été évaluée par le score total du questionnaire d’impact de la fibromyalgie (FIQ) et 8 subtests du FIQ, un inventaire allemand de l’humeur (BSKE-EWL), et d’autres évaluations des changements dans les plaintes psychologiques et physiques pertinentes. 16 femmes n’ont pas eu d’effet et ont arrêté le traitement prématurément. Résultats Les données suivantes concernent les 15 répondantes. Le score total du FIQ (score maximal = 80) est passé de 56,6 ± 10,0 au départ à 17,1 ± 11,9 (moyenne ± ET) 12-14 mois plus tard, et l’intensité de la douleur sur une échelle d’évaluation numérique (NRS) de 11 points est passée de 8,8 ± 1,6 à 2,6 ± 1,9 (moyenne ± ET). Des changements similaires dans les sous-scores du FIQ ont été constatés pour la fatigue, la fatigue matinale, la raideur, l’anxiété et la dépression. Le fonctionnement émotionnel s’est constamment amélioré : l’humeur positive est passée de 20,0 ± 5,4 à 37,7 ± 5,4 (score maximal = 48), et l’humeur négative de 35,4 ± 5,3 à 10,0 ± 4,4 (score maximal = 60) (chaque moyenne ± ET) ainsi que d’autres dysfonctionnements mentaux et physiques, notamment le sommeil non réparateur. Tous ces changements à 4-6 semaines sont restés à ce niveau pendant 11-13 mois. Le médicament a été bien toléré et sûr, aucun effet indésirable grave n’a été observé. La surveillance régulière du potassium sérique n’a pas révélé d’hyperkaliémie. Les 15 femmes ont pu réduire ou arrêter la prise de médicaments concomitants. Conclusion Quinze des 31 femmes souffrant de SFM autrement résistant au traitement ont ressenti un certain nombre d’effets bénéfiques prolongés de la spironolactone sur leur état douloureux complexe. Implications et discussion Nous émettons l’hypothèse que la spironolactone affecte plusieurs systèmes de neurotransmetteurs centraux et périphériques tels que l’activité de l’acide γ-aminobutyrique (GABA) et la transmission dopaminergique. Le taux élevé de patients ne répondant pas au traitement souligne que le SFM peut représenter plusieurs sous-groupes. Le soulagement de la douleur et l’amélioration des symptômes associés du SFM, ainsi que les effets positifs sur d’autres maladies ou dysfonctionnements, permettent d’envisager une amélioration marquée et durable de la qualité de vie. Des essais bien contrôlés, en double aveugle et randomisés sont nécessaires pour confirmer nos observations potentiellement très importantes.

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