Mise en mer dans une barque – photo © Nigelle de Visme

J’habite à côté d’une rue nommée Magdalene. Pendant des années, j’ai pris le nom pour acquis, la religion, quelle qu’elle soit, n’est pas une question centrale pour beaucoup d’entre eux en Angleterre et Marie-Madeleine n’apparaît pratiquement dans aucun d’entre eux. Mais, en raison d’un petit écart dans mon paysage personnel plus tôt dans l’année, supervisé, je le déclare, à la fois par Sainte Radégonde de Poitiers et la fée Mélusine elle-même, j’étais maintenant prêt pour une courte pause. Mon agent de voyage, connaissant mon penchant pour les pèlerinages, a trouvé la réponse parfaite : Pourquoi pas Saint Maximin la Sainte Baume ? dit-elle en brandissant une élégante brochure représentant une ancienne basilique et un couvent royal. La basilique et l’Hôtellerie du Couvent Royal sont dédiées à Sainte Marie-Madeleine – Marie-Madeleine.

La cour et les cloîtres de l’Hôtellerie du Couvent Royal – photo © Nigelle de Visme

Les Provençaux prennent leur Tradition très au sérieux et considèrent qu’il s’agit de la troisième tombe la plus importante du catholicisme. C’est leur « mémoire de l’âme », transmise oralement depuis le 1er siècle, lorsqu’un petit coracle à la dérive a accosté sur le site actuel des Saintes Maries-de-la-Mer. Le coracle, ou barque, transportait Marie-Salomé, mère de Jacques le Majeur, Marie-Jacobe, mère de Jacques le Mineur et de Joseph, Lazare, Maximin, Marthe (qui allait soumettre le dragon de Tarascon) et Marie-Madeleine « qui m’a beaucoup aimé », comme Jésus l’aurait dit, la plaçant dans le rôle d’Apôtre des Apôtres. Vous vous souviendrez que Pierre avait un problème avec cela !

La cour et le cloître de l’Hôtellerie du Couvent Royal – photo © Nigelle de Visme

Le bon roi René a découvert les ossements des deux mères Marie et des deux hommes déposés en forme de croix sous l’autel d’une église très ancienne de la ville des Saintes-Maries-de-la-Mer. Les reliques sont vénérées et, chaque année au mois de mai, elles sont élevées dans un beau reliquaire et portées à la mer. Des dizaines de milliers de gitans du monde entier viennent participer à une reconstitution de leur sainte et reine tribale, Sara, qui, étant gitane et dotée d’une « vue » accrue comme beaucoup de Roms le seraient, reconnut immédiatement le caractère sacré des visiteurs fatigués sur ses rivages et les accueillit.

Sur Saint Maximin la Sainte Baume en 1279 Charles ll d’Anjou, roi et comte de Provence, de Naples, de Sicile, de Jérusalem et du Maine, un saint homme dont l’héritage de soutien monastique perdure, ordonna des fouilles du site, déjà sacré par la légende, et découvrit des ossements déposés de manière révérencieuse. La mémoire de l’âme des Provençaux les vénère ; on dit dès l’origine qu’ils sont ceux de Sainte Marie-Madeleine. Le roi Charles soutint la construction de cette vaste basilique et crypte pour abriter ces reliques sacrées.

La Basilique surplombe la ville de St Maximin la Sainte Baume – photo © Nigelle de Visme

Vous pourriez galoper autour de cette immense Basilique en moins de vingt minutes – mais j’y suis retourné plusieurs fois au cours de mes cinq jours et chaque fois j’ai été remboursé en découvrant de plus en plus de couches de mystère sous son histoire évidente, et parfois turbulente. Il est important d’acheter les deux petits livres d’Yves Bridonneau et de Michel Moncault, disponibles dans de nombreuses langues, car ils vous amènent à regarder dans des endroits facilement négligés alors que vous êtes plus que subjugué par l’échelle monumentale de l’architecture. Lorsque j’ai lu que l’orgue massif recouvrait une imposante fresque du 12e siècle représentant Marie-Madeleine aidant des myriades d’âmes au bout du monde, j’ai d’abord été étonné, puis consterné par le vandalisme freudien qui consistait à recouvrir Marie-Madeleine d’un orgue gigantesque ! Cela dit, et malgré la seule photo existante de la fresque montrant Marie-Madeleine faisant signe, les cheveux en bataille, l’orgue est impressionnant. La statue de Sainte Cécile sur l’un des plus hauts piliers, qui ne semble pas plus grande qu’un point pour le spectateur loin en dessous, fait en réalité deux mètres et demi de haut !

La Nef – photo © Nigelle de Visme

Le bas-relief de la vie de Marie-Madeleine dans la chapelle du Rosaire est particulièrement émouvant – des centurions persécutent les amants du Christ, les rassemblant dans la frêle barque qui les transportera miraculeusement en France.

Le vaste orgue – photo © Nigelle de Visme

Le crypte est un petit trésor et abrite le crâne du saint. Il est noir – chose inhabituelle alors que les crânes sont le plus souvent blancs ou ivoire avec l’âge. Il est une représentation puissante de la mort et nous laisse entrevoir le mystère de ce qui se trouve au-delà. Il est également dit, dans la Tradition, qu’un brin de fenouil vert a été trouvé dans sa bouche lorsque son corps a été découvert et qu’une douce odeur en a émané ; une odeur de sainteté. Dans certaines miniatures et livres d’heures médiévaux, le fenouil est passé par l’amant à sa dulcinée. Peut-être quelqu’un qui l’aimait beaucoup l’a-t-il déposé sur ses lèvres…

Marie-Madeleine quitta les Marie plus âgées et s’enfonça dans les terres avec Maximin jusqu’aux plaines de l’actuelle Saint-Maximin-la-Sainte-Baume. De là, elle continua seule et monta dans le Massif pour vivre sa vie dans une grotte ; la Grotte de Sainte Marie-Madeleine à la Sainte-Baume.

Le 8 septembre est le jour désigné comme l’anniversaire de la Sainte Vierge Marie. Il n’est pas très à la mode de nos jours de parler de choses saintes, mais comme il se trouve que je partage cette date de naissance propice (et Kirker, ma compagnie de voyage, avait un énorme bouquet de roses qui m’attendait dans ma chambre), j’ai choisi ce jour pour célébrer mon 71e anniversaire et faire la longue montée à la Grotte de Sainte Marie-Madeleine. Oh là là ! Quelle ascension ! Quelles sensations ! Et je vous en parlerai dans mon prochain article!

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