L’amphétamine reste une drogue largement consommée dans le monde. Elle est également utilisée à des fins thérapeutiques pour la perte de poids, la narcolepsie et le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité (TDAH). Le TDAH a connu récemment une croissance spectaculaire, tant en termes de diagnostic que de traitement. De plus en plus de personnes âgées sont diagnostiquées et traitées pour le TDAH, et le traitement se poursuit souvent à l’âge adulte. Parmi les traitements disponibles pour le TDAH, l’Adderall est largement prescrit. Malgré son utilisation répandue, il n’existe pas de données publiées concernant le profil d’excrétion des amphétamines attendu après son utilisation. Cette situation est problématique car, dans ce cas, on demande aux médecins-conseils et aux toxicologues judiciaires d’évaluer les résultats en termes d’utilisation conformément à une prescription médicale valide sans disposer de données spécifiques sur lesquelles fonder une décision solide. Pour remédier à cette situation, une étude visant à déterminer la concentration et la composition énantiomérique de l’excrétion d’amphétamine après l’administration d’Adderall a été entreprise. On a administré de l’Adderall (20 mg) à cinq sujets en bonne santé et on a recueilli tous les échantillons d’urine ad lib (urine totale) pendant sept jours. Adderall est un mélange 3:1 d’énantiomères d et l de sels d’amphétamine. Les concentrations maximales d’amphétamine variaient de 2645 à 5948 ng/mL. Des échantillons contenant > ou = 500 ng/mL d’amphétamine (le seuil administratif pour un résultat positif par chromatographie en phase gazeuse-spectrométrie de masse) ont été observés jusqu’à 47:30 h après la dose. Le nombre d’échantillons qui contenaient des concentrations d’amphétamine > ou = 500 ng/mL variait selon les individus de 7 à 13. Comme prévu, l’analyse a montré que l’énantiomère d était supérieur à l’énantiomère l, la proportion d’énantiomère l augmentant avec le temps. En raison du mélange d’énantiomères, les échantillons qui contenaient > ou = 500 ng/mL d’amphétamine n’étaient pas tous positifs lorsqu’ils étaient testés par immunodosage. Les profils de concentration du médicament étaient très variables au sein d’un même sujet et entre les sujets, en raison de la dilution et des fluctuations du pH des échantillons. Ces résultats sont les premiers à décrire l’excrétion d’amphétamine après l’administration d’Adderall. La présence de l’énantiomère l sépare ce médicament des autres préparations du médicament qui sont composées uniquement de l’énantiomère d (c’est-à-dire la dexédrine et une grande partie de l’amphétamine illicite), ce qui permet de les différencier facilement de l’utilisation d’Adderall. Certaines amphétamines illicites et médicinales sont toutefois un mélange d’énantiomères d’amphétamine. Comme les énantiomères sont métabolisés à des vitesses différentes, leur proportion offre la possibilité de décrire l’excrétion en fonction du temps. Le couplage de ces données avec la concentration du médicament permet aux toxicologues judiciaires et aux MRO de prendre une décision éclairée quant à l’implication de ce médicament dans un résultat positif au test de dépistage. L’utilisation de la combinaison de la composition enantiomérique et des données quantitatives permettra aux MRO et aux toxicologues judiciaires de mieux évaluer l’utilisation de ce médicament à partir de l’abus d’amphétamine.
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