De nouvelles recherches visent à capturer et éventuellement à guérir les bourdonnements incessants dans les oreilles.
Plus de 50 millions d’Américains luttent contre les acouphènes, un bourdonnement constant ou récurrent dans les oreilles qui va de l’irritant au débilitant. Certains traitements fonctionnent pour certaines personnes, mais aucun ne semble fonctionner pour tout le monde.
Les acouphènes sont une condition difficile à étudier pour les médecins. « Il n’y a aucun moyen de le mesurer directement. La seule façon de savoir que vous avez des acouphènes est que vous nous le disiez. Même s’il existait un remède, nous ne saurions pas comment il fonctionne parce que nous devons nous fier aux descriptions verbales de ce à quoi ressemble votre acouphène et à quel point il est fort », explique Daniel Polley, directeur du Lauer Tinnitus Research Center au Massachusetts Eye and Ear affilié à Harvard.
Mais Polley et ses collègues tentent de convertir les acouphènes en un problème qui peut être mesuré, ce qui est nécessaire pour un diagnostic et un traitement efficace.
Quel est ce bruit ?
Alors que certaines personnes décrivent les acouphènes comme une sonnerie aiguë, d’autres disent que cela ressemble plus à des grillons, à un « whooshing » ou à un raclement. Qu’est-ce que c’est ?
Polley dit que c’est un type de rétroaction qui se produit avec l’âge. Le nerf auditif qui relie l’oreille au cerveau commence à s’effilocher, diminuant les sons normaux.
« Chez certaines personnes, le cerveau essaie de compenser cette perte d’entrée en augmentant le volume interne », explique Polley. « Les boutons de sensibilité sont tournés vers le haut et s’accordent maintenant avec les sons de fond dans le cerveau, de la même manière qu’un microphone capte le son de lui-même lorsqu’il est trop proche d’un haut-parleur. »
Dans de rares cas, le bruit peut être causé par une tumeur ou un kyste pinçant le nerf auditif ou par une accumulation de cérumen.
Le rendre tangible
Les scientifiques peuvent vous aider à reproduire le son de vos acouphènes afin que les autres comprennent ce que vous entendez. Polley et ses collègues ont programmé une machine qui vous permet de contrôler la hauteur, le volume et d’autres caractéristiques acoustiques jusqu’à ce que vous sentiez qu’elle correspond au son dans votre tête. Mais cela ne suffit pas pour identifier les acouphènes.
Les chercheurs du Lauer Center tentent de développer une signature physique plus tangible des acouphènes.
Ils utilisent des tests auditifs ainsi que des mesures de l’activité électrique dans le cerveau et du mouvement des pupilles dans les yeux (les pupilles changent de taille en fonction de l’effort utilisé pour écouter), et branchent les résultats dans un ordinateur.
« Nous mesurons ce qui différencie une personne avec acouphènes d’une personne sans acouphènes. Puis nous utilisons l’intelligence artificielle pour trouver une signature qui identifie la présence d’acouphènes. Notre objectif est d’identifier une représentation physique de ce son fantôme. »
Enfin, selon Polley, les programmes informatiques aideront les scientifiques à comprendre ce qui change physiquement lorsque les acouphènes apparaissent et disparaissent.
Les scientifiques du centreauer s’attaquent également aux acouphènes d’autres manières.
Ces chercheurs ont appris à connaître la biologie sous-jacente du problème. Ils ont utilisé des animaux de laboratoire pour en savoir plus sur les connexions auditives perdues avec l’âge.
Ils recherchent également comment régénérer et restaurer les signaux auditifs de l’oreille au cerveau. Des sociétés privées de biotechnologie étudient également cette approche.
Thérapies expérimentales
Les traitements potentiels des acouphènes étudiés ailleurs comprennent des thérapies qui visent à « zapper » les acouphènes avec de minuscules quantités d’électricité. L’idée est de minimiser l’activité des cellules cérébrales trop sensibles qui augmentent le bruit de fond.
Ces thérapies expérimentales – la stimulation magnétique transcrânienne répétitive (SMTr) et la stimulation transcrânienne à courant continu (STCC) – délivrent des impulsions électromagnétiques sur le cuir chevelu. Mais soyez prudent si on vous propose un tel traitement.
« Il n’y a aucune preuve convaincante que le fait de faire passer du courant électrique dans votre cerveau va faire disparaître vos acouphènes. Vous pourriez aggraver les acouphènes », met en garde Polley.
Qu’est-ce qui fonctionne actuellement ?
Les traitements actuels tentent de rendre les acouphènes moins gênants. Par exemple, la thérapie cognitivo-comportementale et l’hypnose visent à rediriger les pensées et émotions négatives liées aux acouphènes.
La thérapie sonore tente de masquer le bruit des acouphènes. Le son masquant, qui provient de dispositifs portables ou externes pour l’oreille, est censé distraire les cellules cérébrales hyperactives.
« Les masquants sont sûrs et quelque peu efficaces », note Polley. « Vous pompez plus de signaux à travers les connexions restantes entre l’oreille et le cerveau, et cela peut compenser temporairement les connexions perdues. »
Ces thérapies ne font que gérer les symptômes. Elles ne fonctionnent pas pour tout le monde, mais elles sont tout ce que nous avons.
Une lueur d’espoir pour certaines personnes : si les acouphènes sont causés par du cérumen ou un kyste, ils peuvent parfois être éliminés.
Alors parlez-en à votre médecin. Sinon, vous ne saurez pas ce qui cause vos acouphènes et si vous pouvez faire quelque chose.