Toute société complexe est confrontée à la tâche difficile de placer ses membres dans des rôles qui sont nécessaires à la survie de la société. Ces rôles doivent être remplis avec le moins de conflits et de confusion possible. Il doit y avoir des personnes prêtes à accomplir des tâches (rôles) avec peu de statut et celles qui ont beaucoup de prestige. Dans votre communauté, il y a des gens qui sont médecins, avocats et enseignants. D’autres ramassent les ordures, dirigent la circulation et éteignent les incendies. Bien que ces rôles n’aient pas tous le même prestige, il y a très peu de conflits lorsqu’il s’agit de déterminer qui va exercer tel ou tel rôle.
Considérez les rôles comme un jeu de cartes. Vous et moi recevrons de nombreuses cartes de rôle au cours de notre vie. En fait, nous jouons plusieurs rôles à tout moment. En ce moment, vous avez reçu une carte de rôle d’étudiant à jouer, mais vous avez également d’autres cartes de rôle en main, comme ami, fils ou fille, joueur de basket-ball, pom-pom girl, employé de pharmacie, etc. Beaucoup de vos cartes de rôle sont le résultat de votre naissance, de votre âge ou de votre sexe. D’autres cartes que vous avez gagnées, comme élève d’honneur ou capitaine de basket-ball.
En Inde, la caste est un ensemble de cartes de rôle et peut-être le plus important. La caste d’une personne est attribuée, c’est-à-dire que les enfants héritent du statut et des fonctions de leurs parents. À la naissance, les Indiens reçoivent leur carte de caste. Cette situation est étrangère à ce que beaucoup de personnes aux États-Unis croient être la « bonne société ». Nos parents, nos proches, nos enseignants et nos amis nous disent de mille façons que ce que nous faisons de notre vie dépend de nos efforts, et beaucoup d’entre nous pensent que toutes les sociétés devraient jouer selon les mêmes règles, ou du moins s’efforcer de le faire. Mais il est important de se rappeler qu’il n’existe aucune société où l’effort individuel est le seul critère de statut.
Si la caste est un ensemble très important de cartes de rôle, les Indiens, comme les Américains, utilisent aussi des cartes de classe (économique). La caste et la classe fonctionnent en même temps. Une personne de très basse caste, comme un balayeur, peut obtenir un bon travail qui n’a rien à voir avec le balayage et économiser de l’argent. Avec cette richesse, le balayeur peut construire une maison luxueuse et éduquer ses enfants qui deviendront ensuite médecins, avocats et chefs de gouvernement. Ce type de rôle est généralement atteint, bien que certaines personnes héritent de leur richesse.
Il y a aussi la possibilité d’atteindre le pouvoir politique en Inde tout à fait indépendamment du statut de classe ou de caste. Une personne de basse caste peut être très douée pour gagner des élections et devenir membre du gouvernement central. Jagjivan Ram, membre de l’une des castes dalits (ex-intouchables), a occupé de nombreux postes ministériels au cours de sa carrière politique. Ce système d’acquisition de statut est basé sur le pouvoir. Le pouvoir est généralement un statut acquis plutôt qu’un rôle attribué à la naissance. Les gens en Inde participent au jeu des castes, au jeu des classes et au jeu du pouvoir.
En Inde, les castes sont classées, et les membres des castes dans une zone géographique spécifique peuvent identifier les castes qui sont au-dessus et au-dessous d’eux. Le classement des castes est basé sur la pureté et la pollution, souvent associées aux fonctions du corps humain. Les fonctions associées à la tête, telles que penser, parler, enseigner et apprendre, sont considérées comme pures. Les activités associées aux déchets, aux pieds et à la peau sont considérées comme polluantes. Par conséquent, les brahmanes, au sommet de l’échelle de pureté, étaient des érudits qui, traditionnellement, enseignaient et présidaient les fonctions religieuses. Les intouchables, au bas de l’échelle, nettoyaient les déchets humains, ramassaient les ordures, coupaient les cheveux, écorchaient les animaux et lavaient les vêtements. Parce que leurs occupations portaient principalement sur les déchets humains, animaux et sociétaux, la société croyait que le contact avec un Intouchable était très polluant.
La préparation et le partage de la nourriture révèlent le classement des castes. Les aliments cuits dans l’huile et préparés par un brahmane peuvent être acceptés et mangés par toute caste inférieure. La nourriture cuite dans l’eau peut généralement être acceptée par les membres de sa propre caste ou par les castes inférieures. Les restes de nourriture non consommés ne sont presque toujours pris que par les castes très inférieures. La nourriture qui peut être mangée crue est la plus librement distribuée et peut être acceptée par les membres de n’importe quelle caste. En outre, le prasad, nourriture bénie qui reste des offrandes religieuses, est donné à tout le monde, quelle que soit la caste.
Il existe également une gamme d’aliments purs et impurs. Les légumes et les céréales sont plus purs que la viande et les œufs. Le poisson est le plus pur des aliments non végétariens, suivi du poulet, des chèvres, du porc et du buffle d’eau ; le plus impur est le bœuf. Les pâtisseries sucrées, frites dans des graisses profondes, font partie des aliments les plus acceptés par toutes les castes. En observant comment la nourriture est préparée et avec qui elle est partagée, on peut commencer à déterminer le classement sur une échelle de pureté-pollution des groupes de castes concernés.
Auteurs : Donald Johnson, Jean Johnson.