Posté par marina le 18 mai 2015 dans Animaux &faune, Général

Les saisons arctiques sont connues pour leurs extrêmes. La variété des températures et les changements de lumière entre les mois d’été et d’hiver sont les circonstances environnementales communes qui demandent une adaptation. À l’approche de l’hiver, les rennes commencent à prendre beaucoup de graisse corporelle et aussi leur pelage se remplit, en changeant de couleur du brun au blanc. Une autre caractéristique a été découverte en 2013 à l’Université de Tromsø en Norvège : la couleur des yeux change aussi avec la saison. Des yeux dorés en été, bleus en hiver. Comme pour correspondre à l’apparence de la période de l’année.

Les yeux des rennes changent de couleur

Pourquoi ? Une vision nocturne améliorée est clairement le résultat positif de cette astuce de changement de couleur et donc une capacité utile pour repérer les prédateurs dans l’obscurité étirée pendant les longs mois d’hiver. Bien que cette vision ne soit pas aussi claire qu’en été, voir une forme floue qui pourrait être à la recherche d’un repas, pousser le bouton ‘prédateur=fuite’ dans le panneau des réactions, est incontestablement une meilleure condition que de ne rien détecter du tout.

Comment ça marche:

◊ les rennes ont un tissu spécial dans l’œil derrière la rétine, le tapetum lucidum (TL)

◊ ce TL peut changer de couleur : dorée en été avec la plupart de la lumière renvoyée directement, bleu foncé en hiver avec moins de lumière réfléchie par l’œil

◊ en conséquence il y a plus de sensibilité rétinienne, améliorant la vision nocturne.

Parcours de mise bas, début mai

Préparation à la défense : une paire de bois

C’est logique. Les animaux qui ne sont pas des prédateurs mais des proies ont souvent une ou deux compétences ou caractéristiques à effets spéciaux qui peuvent être utiles pour revenir à un état plus sûr et plus commode. Les rennes n’ont que deux moyens pour se défendre d’une attaque : s’enfuir ou poignarder l’agresseur avec leurs bois. À propos, les rennes sont la seule espèce de cervidés dont les mâles et les femelles possèdent des bois, une caractéristique unique. L’utilisation de ces cornes dans un combat n’est pas, en règle générale, le comportement de la femelle. La préparation vient de l’instinct maternel. Un prédateur peut la rencontrer, auquel cas la femelle préfère souvent la lutte à la fuite lorsqu’elle est enceinte. Lorsqu’elle a avec elle un veau qui doit être défendu, un tel cas d’urgence lui laisse également des options limitées pour la raison évidente que le veau ne peut pas s’enfuir aussi vite que nécessaire.

Recherche de nourriture

Pendant les longs hivers des pays nordiques, la nourriture est rare. Les sabots larges et plats servent de raquettes aux rennes adultes, avec en plus un changement saisonnier : en automne et en hiver, les sabots vont durcir, permettant ainsi aux animaux de chercher de la nourriture à travers les croûtes dures de neige et de glace. Si l’on considère les veaux, qui constituent pour la plupart le segment vulnérable d’un troupeau, l’adaptation des sabots leur fait défaut dans une certaine mesure, car ils sont encore jeunes. Les bois sont des outils utiles car ils facilitent le creusement de la nourriture dans la neige profonde. Les jeunes dépendent ici de l’aide de leur mère.

Les troupeaux en migration

C’est à la saison printemps-hiver des Sami que les troupeaux de rennes vont commencer la migration vers les lieux de mise bas dans les montagnes. Comme les saumons, ils reviennent chaque année dans la même région. C’est un spectacle merveilleux, des groupes de plus en plus nombreux quittent les forêts et montent jusqu’à ce qu’ils se rencontrent sur des terrains plus élevés, des milliers de rennes sont en mouvement. Chaque jour compte, un printemps précoce peut apporter la chaleur du soleil mais aussi la neige qui se transforme en neige fondue, ce qui est une condition de déplacement défavorable pour les rennes. Si les zones les plus élevées n’ont pas été atteintes à temps, les petits naissent dans les contreforts des montagnes, où les prédateurs sont plus nombreux. Sans entrer ici dans le débat sur les changements climatiques, les températures plus chaudes de ces dernières années ne sont pas bien accueillies par tous.

Changement de saisons

En ce moment, la neige fond et de nouvelles couleurs signalent l’arrivée du printemps. Les veaux vont suivre leur mère, captant les mouvements de la vie. Après quelque 45 jours, ils sont capables de brouter et de fourrager, imitant les adultes qui savourent chaque bouchée de mousse de renne. Cette espèce de lichen à la couleur vert-gris pâle phosphorescente est originaire des régions arctiques et constitue l’aliment préféré des rennes. Mais ce n’est qu’à l’automne suivant que les nouveau-nés deviendront indépendants de leur mère, le moment où, lors de la migration d’automne, les groupes redeviennent plus petits. C’est aussi le début de la saison des amours, en gros de fin septembre à début novembre.

Rangifer tarandus. Le milieu arctique est leur maison, le cycle de vie adapté au climat est leur rythme, ayant perdu le rythme circadien par la force des choses. Ce qui n’est ni surprenant ni inutile compte tenu d’un habitat où l’obscurité profonde existe en hiver, ainsi que les jours interminables du milieu de l’été. Entre les deux, cela signifie de longs mois remplis de moustiques suivis d’un automne splendide avant que les bleus de l’hiver ne soient à nouveau dans les yeux des rennes.

Lire et voir plus

  • Miroirs changeants : changements adaptatifs dans les réflexions rétiniennes à l’obscurité hivernale chez les rennes arctiques – Karl-Arne Stokkan et al. – 30 octobre 2013.
  • Un dossier complet sur le renne est disponible sur Wildscreen Arkive.
  • Et de belles photographies d’Erika Larsen, une collection intitulée ‘Sami – Walking with reindeer’.

Photographies d’Helena Andersson

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